2009-04-06 

Le triste et violent retour des casseurs

Triste samedi soir sur la France. En Corse, plus de 30 policiers blessés, dont trois grièvement , l'ancienne mairie de Bastia incendiée. Bilan d'une manifestation dénonçant des violences policières et qui a dégénéré... en violences anti-policières. En Alsace, à Strasbourg, en guise de fête pour le sommet de l'Otan, le quartier du Neuhoff dévasté : un ancien poste de douane, un hôtel et une pharmacie partis en fumée, des magasins pillés, des scènes de guérilla urbaine menée par un millier de casseurs.

Du coup, l'Hexagone condamne, appelle aux sanctions et s'interroge aussi. Le président Sarkozy souhaite voir les casseurs « punis avec la plus extrême sévérité » et le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, exige « une justice exemplaire » .

Quelle que soit la couleur
politique, la condamnation est unanime. Ainsi, le député UMP Eric Raoult réclame le « rétablissement de la loi anti-casseurs, abrogée par la gauche en 1981. » . Pour le PC, Marie-George Buffet dit « sa colère devant des actes très graves, qui méritent une condamnation claire et sans ambiguïté. ». « D es violences inacceptables » , renchérit François Bayrou (MoDem) . Enfin le socialiste Laurent Fabius dénonce des « groupes ultraminoritaires et ultraviolents qu'il faut sanctionner sans aucune faiblesse. » Mais, derrière cette unanimité, s'élèvent aussi des accusations plus précises et des interrogations. Evoquant le millier de casseurs d'extrême gauche, essentiellement allemands, qui ont dévasté le Neuhoff, Jean-Marie Le Pen (FN) clame : « C'est la preuve que l'extrémisme et la violence sont à gauche. » Côté majorité, les propos sont plus nuancés mais l'analyse assez similaire. En ces temps de crise, elle reproche à la gauche classique de « courir après » l'extrême gauche du très populaire Olivier Besancenot. Et l'UMP juge que la socialiste Ségolène Royal jette de l'huile sur le feu en ne condamnant pas les séquestrations de patrons par leurs employés. Et en déclarant dans le Journal du Dimanche : « L es salariés doivent forcer le barrage de l'injustice absolue. » Les Verts, qui appelaient à manifester contre l'Otan, vont plu s loin. Etonnés que des « casseurs sans foi ni loi » aient pu agir malgré l'impressionnant déploiement sécuritaire, ils réclament une commission d'enquête.

Dans le Neuhoff, une population déjà défavorisée s'interroge, elle aussi : pourquoi les policiers massés à proximité n'ont--ils pas empêché les exactions prévisibles de ces anarchistes ? L'Elysée et le ministère de l'Intérieur répliquent : « Les policiers ont fait un travail absolument remarquable. Il n'y a eu aucun mort à déplorer. » Autrement dit, avant de protéger des biens, il fallait assurer la sécurité des personnes. D'un sommet international et de 20 000 militants pacifistes.