2009-03-03 

Faut-il avoir peur des opposants ?

Strasbourg / Sommet de l’OTAN les 3 et 4 avril

Alors que l’établissement des zones de sécurité dans le centre de Strasbourg, pendant les deux jours du sommet de l’OTAN, début avril, n’est pas encore « calé », le préfet ne cache pas qu’il redoute d’éventuels débordements parmi les opposants à l’Alliance Atlantique.

Les anti-OTAN sont un sujet « extrêmement sensible », de l’aveu de Jean-Marc Rebière, préfet de la région Alsace et du Bas-Rhin. En effet, si l’organisation du sommet de l’alliance Atlantique, les 3 et 4 avril à Strasbourg, autour de deux endroits-clés (Palais des congrès et palais Rohan-cathédrale), présente quelques difficultés bien compréhensibles, les contre-manifestations qui s’annoncent semblent préoccuper davantage le représentant de l’État.

Il est évident que la mobilisation, dont l’ampleur à ce jour est difficilement estimable, ignorera les frontières. De France, d’Allemagne, d’Italie, devraient affluer vers Strasbourg des milliers de manifestants. Dont une minorité – « black blocks », « no borders » – peuvent constituer une « menace réelle ». A Strasbourg, on se souvient des petits groupes isolés qui, en 2002, avaient manifesté contre le « système d’information Schengen » en commettant des dégradations.
50 000 barrières
Jean-Marc Rebière prend quant à lui pour référence les « précédents » de Vichy (Sommet européen sur l’immigration), de Heiligendamm (sommet du G8 en 2007). Cette petite ville du nord de l’Allemagne fut le théâtre d’une véritable « bataille nautique ». Lors d’un sommet du G8 en 2003, la ville de Genève avait été « mise à sac », et en 2001, à Gênes, un jeune homme avait été tué, rappelle-t-il.
Le préfet souligne que, malgré toute leur bonne volonté, il n’est pas certain que les organisateurs du « contre-sommet » aient « toute la maîtrise » des événements et le contrôle des groupes qui se grefferaient sur eux. Il rappelle le contexte international, marqué par « beaucoup de tensions », et exprime sa « forte préoccupation ».
Le camp des anti-OTAN sera installé à l’extrémité sud de la ville, du côté de la Ganzau, sur des terrains appartenant à la CUS et aux Hôpitaux universitaires. Les demandes d’autorisation pour d’éventuelles manifestations, à proximité du centre-ville et des zones de sécurité, fermées par quelque 50 000 barrières, se heurteront à l’« intransigeance » du préfet : « Nous, on veut absolument préserver le centre-ville, pour les habitants, les commerçants. Il n’y aura aucune ouverture du centre-ville aux manifestants ».
Pas question donc de défiler du côté de l’avenue de la Forêt-Noire, comme cela avait été réclamé. Le cortège principal, le samedi 4 avril en milieu de journée, passera plutôt par les bords du Rhin et les “no man’s land” strasbourgeois.
Dans ce contexte, la préfecture exprime sa « déception » que la “charge” des anti-OTAN ne soit pas plus équitablement répartie entre les deux bords du Rhin – ainsi, il n’y aura pas de « camp » du côté de Kehl, la ville-jumelle de Strasbourg.
Le déploiement de forces de sécurité sera à la hauteur. Car la France « a le devoir de faire le maximum » pour protéger les 27 chefs d’État, « très exposés » aux risques, qui se trouveront à Strasbourg en ce début du mois d’avril.

Denis Tricard