2007-06-23 

G8-récit: Blocages

Nous sommes nouveaux, mais nous sommes de toujours. Nous sommes anciens pour le futur, armée de la désobéissance dont les histoires sont des armes, en marche depuis des siècles sur ce continent. Sur nos étendards est écrit “dignité”. En son nom, nous combattons quiconque se veut maître des personnes, des champs, des bois et des cours d’eau, gouverne par l’arbitraire, impose l’ordre de l’Empire, réduit les communautés à la misère. Wu Ming

Difficile de se lever, après deux nuits de quatre heures. Mais une fois debout, tout va bien, le ciel est bleu et j’attaque le G8 pour la quatrième fois, mais cette fois-ci, on a des vélos, et ça c’est une première. Pas le temps de déjeuner, on prend de l’eau et quelques provisions, on doit être revenu à 11h00, mais on ne sait jamais …

On part en bande mais on a pas bien compris où voulaient aller nos amis, on croise des keufs qui nous expliquent par où on ne peut pas aller. Le périmètre de la zone interdite vient d’être augmenté. On bifurque, traverse des campagnes dans tous les sens en essayant de se rapprocher le plus possible de Heiligendamm.

On croise des activistes à vélo sur tous le chemins mais il y a des flics à chaque carrefour. Difficile de construire une barricade à l’improviste, nous ne sommes pas assez, nous n’avons pas étudié le terrain. On se sépare de nos camarades cyclistes, qui finiront par se faire arrêter un peu plus loin, pour rejoindre des italiens qui nous ont promis de bloquer une route importante à midi avec une samba.

Trois kilomètres, impossible de continuer les routes menant aux camp de Reddlich et de Wichmannsdorf (celui ou est basé la Rebelclownarmy) sont bloquées. Pas de négociations possibles, on passera pas. On rebrousse chemin jusqu’au premier champ, que l’on traverse avec les vélos. On est bien sur la route de Reddlich, on tombe sur un convoi de matériel lourd, de Caterpillar, évidemment. Tout ce qu’il faut pour évacuer une barricade en 47 secondes, plus le temps d’arriver et c’est là que cela se complique …

On passe derrière le combi surveillant le carrefour hop, ni vu ni connu, on arrive au bled suivant, sans le faire exprès on s’est bien avancé dans la zone interdite, tout en étant encore à plus de trois kilomètres de la barrière. On ne fait pas long feu, on croise trois cyclistes de combat qui nous expliquent qu’ils se sont déjà fait arrêtés et fouillés cinq fois en deux heures et la police en profite pour nous tomber dessus. Merde, on va rater notre rendez-vous. Dès qu’ils nous lâchent, on pédale comme des malades, rien n’y fait . Quand on arrive au camp la samba est partie depuis 5 minutes, c’est raté.

On décide de rejoindre le blocage de la porte Est. A partir de Bad Doberan, la présence de keufs augmente progressivement. Puis une policière nous interdit de continuer. Demi tour, cinquante mètres, on passe le rail, on reprend la piste cyclable dans l’autre sens, sprint, on passe la première et la deuxième lignes, à la troisième ils sont plus rapides et ils ont des matraques. Demi tour, quelques mètres et on dégage dans les champs. On traverse un troupeau de vaches, on nous a dit qu’elles avaient coursé des flics, bravo les vaches.

Nous arrivons sur la porte Est, a côté de laquelle se trouve l’hippodrome du coin transformé pour l’occasion en garnison. On arrive en même temps qu’une dizaine de gros hélicoptères qui déposent un paquet de keufs. mais les activistes sont plusieurs milliers. Ils les ont pris de court en traversant bois, champs, et cours d’eau. maintenant bonne chance pour le déloger, beaucoup sont bien équipés et décidés à rester un maximum de temps sur place. Après quelques heures, le groupe splitte en deux, plus d’un milliers de personnes vont rejoindre la porte Ouest ou ils ne sont que quelques centaines. Nous, on rentre au camp. le plus gros reste à venir. Je pars chercher l’info tant attendue (ou et à quelle heure?) et puis au lit. Une pensée pour nos potes qui passent la nuit dans une cage …

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