2007-06-03 

Contre quoi ? Manifestation anti-G8, Rostock

Une analyse après les manifestations du 2 juin au G8 à Heiligendam.
Anti-What? G8 demonstration, Rostock

Contre quoi ? Manifestation anti-G8, Rostock

La lutte anti-G8 et ainsi beaucoup d’autres est en danger par manque de représentation dans les médias. La police allemande s’est affrontée fortement avec le mouvement autonome lors de manifestation pacifique et productive.

Assis dans le train le plus rempli que j’ai pris dans ma vie (sans être allé toutefois en Inde), je me demande si les manifestations anti-G8 attireront autant de monde qu’un match de foot, les jeux olympiques, ou le concert gratuit de Barbara Streisand. En face de moi, une femme allemande lit un article sur des immigrés russes à Berlin, près de moi une touriste chinoise lit un livre d’espagnol pour débutants. Derrière moi, des français parcourent les pages de brêves sur le sommet. Ils se moquent de chaque cri émis par la petite troupe de militants anti-fascistes vêtus de noirs. Je suis content de voir une présence aussi hétéroclyte.

Dans un allemand correct, les touristes chinois nous demandent contre quoi nous manifestons. Ils ont prévu une excursion d’un jour et, par coincidence, voyagent de Rostock jusqu’à SCherwin. Nous les informons au sujet du NPD, que nous nommons comme la manifestation nazi, et sur ce qui va se passer à Scherwin. Mais ils n’ont pas l’air trop brusqué. En tentant de dresser une liste des raisons pour lesquelles nous manifestons contre le G8, il semble plus facile de les informer que nous sommes simplement contre tout ; cependant cette question reste dans ma tête.

Comment un public aussi hétérogène peut-il être mobilisé dans une seule direction ? Combien de manifestants savent vraiment ce qu’ils espèrent accomplir ? Le G8, unifie t-il tous ses opposants ? Avons nous tous un sentiment de contestation commun ? Les seuls à être complètement pro G8 sont les dirigeants eux-mêmes. Mais, j’ai encore l’impression que nous allons ensemble vers un objectif commun.

Nous passons par plusieurs gares près de Schwerin et les passagers sont ravis de voir des vrais nazis à qui ils expriment leurs dégoûts. La police est ominprésente. A chaque gare, le départ est retardé et les annonces commencent par : “Laisser les portes ouvertes” sont bientôt améliorées avec “S’il vous plaît !”, et “Nous devons aller à Rostock aujourd’hui”, avant une éventuelle résignation : “Puis je sortir ?” Nous jetons un coup d’oeil aux unités anti-émeute interpeler quelqu’un sur le quai avant que le train ne parte. Et nous commençons à empaqueter nos affaires.

Avant l’arrivée à Rostock, il était clair que la manifestation serait aussi grande que l’on l’attendait. Le long de la voie ferrée, se tenaient plusieurs milliers de manifestants colorés, une marche qui nous rejoindrait à la gare centrale. Notre groupe devait être 5 kilomètres après Rostock.

Nous avons trouvé notre groupe et joint les camarades politiques : un grand, bruyant groupe de réfugiés, de demandeurs d’asile et amis de l’immigration. On a eu suffisamment de chance pour avoir une manifestation sécurisée, pas de tentative d’héroïsme, nous étions bien coordonnés avec nos mobiles, 10 mètres de barbelés pour faire nos défenses du camp, beaucoup de panneaux et banderoles, des percus et des casseroles. De cette façon, nous nous sommes faits notre place.

D’autres amis sont restés dans la marche. A ce moment où les deux marches étaient sur le point de converger, la police s’est positionnée en groupe armuré, post-adolescent anti-émeute. Au même endroit, les non identifiés Black Block, autonomes et anti-fascistes s’étaient rassemblés pour protéger, comme ils le disaient, les manifestants pacifiques de la loi.

Au lieu d’avoir vu le conflit, lui-même s’envenimant au fil des heures, je ne pourrais pas et ne tenterait jamais d’essayer d’expliquer la cause de la situation qui s’y produit. Bouteilles contre matraques, gaz lacrymogènes contre canons à eau ; ce qui a menacé le plus les milliers de présents a été la police, où des bataillons protégés par des boucliers chargeaient la foule en double file ressemblant plus à une équipe de foot américaine sous amphétamine. J’avoue n’avoir jamais rien vu de tel.

Les organisateurs nous ont demandé de rester calmes, groupés et d’ignorer les provocations de la police, et plus sagement de rejoindre la sono. Je me demandais, et toujours depuis, ce que signifiait provocation. Est ce le fait de 15000 policiers déployés pour une manifestation où l’opposition réelle, les dirigeants du G8, ne seraient pas présents après les quatre jours ? Est ce qu’il y aura des manifestations par des anti quelque chose les semaines suivants l’événement ? Quel est l’idée derrière le NPD quant à l’organisation de la manifestation nazi dans les quartiers de Schwerin ? Pourquoi n’y a t-il pas des anti racistes qui ont manifesté auparavant ? Plus tard, nous avons appris que la manifestation du NPD a été annulée, encore, 150 manifestants anti-NPD ont été arrêtés à Schwerin après avoir refusé de quitter la zone.

Si il ya eu en effet des provocations du Black Block vis à vis de la police, des lancers de bouteilles de bière ? Il est dur de voir pourquoi ils sont une menace quand vous avez remarqué la présence de la police quelques semaines auparavant à Hambourg. Mais peut-être que le bordel est suffisamment pour ennuyer Mr Scaüble, le minstre de la sécurité allemande. Et apparemment, il n’est pas seul.

Moi-même, j’aurais détesté voir les efforts des réfugiés réduits à néant, eux-mêmes se battant pour la chance de vivre dans un pays en paix, et ombragés par les médias rapportant des violences entre policiers et manifestants non légaux. Il aurait été vraiment dommage d’oublier nos revendications sur les changements climatiques et l’exploitation économique globale. Pour le moment, il m’est difficile de trouver les thèmes de manifestations politiques.

Le martyre n’est pas officiellement pratiqué à l’ouest, mais est de plus en plus à la mode. L’ouest est vicitime de ses schémas de pensée, souvent tirant ses avantages d’un bateau en train de couler. J’ai demandé à mon binôme si il y avait aussi des groupes anti anti-facsistes et colaborant avec les nazis : la réponse a été affirmative. Apparemment, leur pratique est de photographier les autonomes aussi candidement que possible, de les publier sur le web, les rendant identifiables pour d’éventuelles actions répressives de la part des nazis. Des appareils photo hmm? Ca ressemble beaucoup avec ce que nous avons vu avec la police : envoyant des photographes dans tous les squats, dans l’espoir que la peur de Big Brother rendra les éventuels manifestants plus pacifiques. Peut-être pas aussi stupide que de faire comme notre ennemi et de le frapper avec la violence dont il nous accuse.

Les nouvelles parlent ce matin de blessés, arrestations et de nombre de manifestants. Certainement, les médias ont favorisé les rapports de police vis à vis des paroles des organisateurs disant que la police avait attisé le conflit. (IL est dit aussi que la scène autonome est fortement infiltrée par des sang chauds, couverts par la police, qui attisent le feu afin de justifer les actes de la police) Malheureusement, ceci restera obscur aussi longtemps que ces groupes choisiront de manifester de manière autonome. Est ce que ceci souille les plus modérés ? Heureusement non. Mais c’est une affiliation que la plus grande majorité des manifestants ou activistes n’apprécieraient guère.

[http://de.indymedia.org/2007/06/180715.shtml]